Les applications pour mieux manger
Des applications pour manger mieux, il en fleurit tous les jours.
« Faites les meilleurs choix pour votre santé », « mangez sain », « savoir ce que vous mangez vraiment », voici les promesses de ces applications de décryptage alimentaire; mais sont-elles vraiment fiables ?
A mon tour de « scanner » leur propos et en particulier ceux de Yuka l’application pour manger mieux.
Yuka l’application pour manger mieux, la référence en la matière ?
La référence (en terme de nombre d’utilisateur) c’est YUKA l’application pour manger mieux. A première vue indépendante, moderne, l’application fait du bruit. C’est même devenu un argument marketing dans les magasins et à dans les publicités. Seulement voilà, l’application au logo de petite carotte est-elle si pure qu’elle n’y parait ?
L’application se base sur 3 choses pour noter les produits :
- La qualité nutritionnelle à 60%, c’est à dire la teneur en lipides (gras), protéines et glucides (sucres).
- La présence d’additifs qui représente 30% de la note.
- La dimension biologique qui représente 10% de la note.
C’est parfait me direz-vous ? Oui, si l’on considère que la qualité nutritionnelle a encore un sens aujourd’hui.
Cette qualité prend en compte les calories, le sucre, le sel, les graisses saturées, les protéines, les fibres, les fruits et légumes contenus dans le produit.
Hors ce qui pose problème ce n’est pas qu’un aliment soit trop gras mais plutôt qu’il soit trop transformé. La qualité des aliments dépend donc surtout du degré de transformation (brut, transformé et ultra-transformé).
Vous conviendrez que les calories et/ou les graisses des amandes n’ont pas le même impact sur notre santé que ceux d’un plat réchauffé au micro-onde. Ou encore que le sucre d’un fruit sec n’a pas le même intérêt que celui d’une glace.
Avec l’application cela donne donc des résultats plutôt surprenants.
Les céréales Nesquik Bio classées « excellent »
C’est un des produits les plus représentatif en terme « d’ultra-transformation ». Les céréales ont été dénaturées, puis soufflées (donc totalement transformées par rapport à l’aliment d’origine).
Le sucre est également omniprésent dans les ingrédients: « sucre » et « sirop de blé ».
Pour 100g (donc même pas un bol plein) vous avez l’équivalent de 5 morceaux de sucre.
L’impact de l’ultra transformation et de la composition est dramatique sur notre santé et surtout celle de nos enfants. Ce genre de produit favorise entre autres l’épidémie d’obésité, le diabète de type 2 et l’appétence au sucre.
Le pain de mie est également un autre exemple de produits « ultra-transformés ». Tous les ingrédients de ce produit sont dénaturés, l’intérêt pour la santé est nul voir néfaste.
Ces deux produits ont pourtant une « qualité nutritionnelle » correcte mais pour le côté « meilleur pour la santé » on repassera…
Je vous rappelle que depuis février 2018, les doutes sur la nocivité des aliments ultra-transformés ont été mis en lumière grâce à une étude réalisée par des chercheurs de l’Inserm, de l’Inra et de l’Université Paris 13. Cette étude suggère une association entre la consommation d’aliments ultra-transformés et le sur-risque de développer un cancer.
La présence d’additifs
Yuka l’application pour manger mieux, indique prendre en compte les additifs, mais malheureusement l’impact est bien trop souvent minimisé.
Par exemple avec le glutamate monosodique. Cet additif est un poison.
On le soupçonne de jouer un rôle dans le développement des maladies neurodégénératives. Il est également un dérégulateur hormonal de la faim et une excitotoxines, accélérant la progression d’un cancer ou métastases cancéreuses. Bref, un « gentil » additif qui selon moi devrait apparaître comme « à risque très élevé / à fuir / reposez le paquet » mais visiblement pas pour Yuka.
Les « bouillons Kub » de Maggi sont un concentré de glutamate, c’est même indiqué noir sur blanc dans la liste des ingrédients (2èmeingrédient). Seulement, l’application le place en « bon » et n’indique même pas dans les additifs la dangerosité de celui-ci.
Ce genre de produit n’est pas une exception, beaucoup d’autres sont en vert et contiennent pourtant des additifs nocifs.
J’ai scanné ce produit en mars 2019 dans une grande surface très connue. Néanmoins Maggi a sorti une nouvelle recette où le glutamate n’est plus indiqué dans la liste des ingrédients. A la place vous retrouverez le terme « arômes » qui selon les recherches du Dr Russell Blaylock est un terme désignant aussi le glutamate (et c’est plus vendeur).
Yuka ne fait donc pas la distinction entre l’ancienne recette que l’on trouve toujours dans le commerce et la nouvelle (car le code barre est le même). Elles sont toutes deux mauvaises pour notre santé, mais dont la dernière est meilleure en terme de marketing.
Je sais que pour beaucoup l’application est utile pour repérer les additifs les plus dangereux, mais elle n’est absolument pas fiable sur ce point.
Mieux manger grâce à des applications, revient à mettre notre santé entre les mains d’un robot et ils ne peuvent malheureusement pas être aussi intelligent que notre bon sens.
Yuka est-elle totalement indépendante ?
Enfin, Yuka se dit indépendante mais malheureusement les 60% qui sont basés sur la qualité nutritionnelle s’appuient sur un autre système de notation le « Nutri-Score ».
Celui- ci a été créé dans le cadre du PNNS (Programme National Nutrition Santé) par des personnes au forts conflits d’intérêts avec des multinationales agroalimentaires. Donc rien de 100% indépendant finalement.
Quand on sait, en plus, que certaines personnes à l’origine du Nutri-score font partie de l’équipe de recherche ayant trouvé un lien entre aliments ultra-transformés et cancer (cité plus haut), on peut se demander pourquoi nous ne mettons pas en place un autre fonctionnement ?
Différent de la classification nutritionnelle et donc meilleur pour notre santé.
Comme c’est le cas au Brésil depuis 2009 avec la classification Nova (de Carlos Montero) qui prend en compte le degré de transformation des aliments.
Les conflits d’intérêts sont-ils trop forts ?
Que valent les autres applications ?
Kwalito, Open Fact Food, Is my goof food, Scan Up, Scan it, Y’a quoi dedans, etc…
Elles ont soit un fonctionnement comme Yuka (avec la note basé sur le Nutri-Score) soit elles incluent aussi la classification Nova.
La classification Nova est une note par rapport au degré de transformation des aliments (parfait puisque c’est ce qui pose problème pour notre santé) c’est donc à privilégier.
Pour les avoir toutes testées, aucune n’est vraiment fiable. Avec Yuka, on peut manger des bouillons Kub avec du poison, avec une autre on a le droit à de la purée en paillette ultra transformée bourrée d’additifs… Ces applications ne nous permettent pas de manger plus sainement mais juste de faire des choix à notre place.
Open Fact Food propose les deux systèmes de notation : Nutri-Score et Nova. En revanche cette application ne propose pas de classement de produits. Il n’y a pas non plus de mise en garde concernant les additifs. C’est juste de l’information pure et dure, à vous de faire l’interprétation. Ce qui est déjà très intéressant.
SIGA a développé son propre système de notation sur la base de Nova. C’est l’un des plus fiables selon fois.
Je vous invite à lire le livre du Dr Anthony Fardet « Halte aux aliments ultra-transformés – mangeons vrai » pour en apprendre plus sur la classification NOVA et pour comprendre l’importance d’une alimentation peu / pas transformée. Vous pouvez également lire mon article juste ici
Comment on fait alors ?
On remet tout d’abord du bon sens dans ses assiettes. Une application aussi géniale soit elle ne peut pas nous guider dans nos choix de santé.
Une application pour « mieux manger » sera toujours trop « laxiste » en terme de santé. Car on l’oublie souvent mais être en bonne santé passe aussi par une prise de conscience et une réflexion personnelle sur nos choix.
Alors, on s’informe et on apprend à repérer les produits ultra-transformés (on fuit les listes d’ingrédients à rallonge, les produits soufflés, broyés, prémâchés).
On se fie à soi-même en consommant les produits les plus bruts possible.
On jette un œil sur la liste des ingrédients et on repère les mots « arôme » et « épices » tout seuls qui cachent souvent du glutamate.
Enfin, on consomme principalement des aliments qui n’ont pas d’étiquettes.