La mastication, le super pouvoir de Mr et Mme tout le monde
On pense à tort qu’il existe une alimentation parfaite et identique pour tous, une recette miracle à appliquer chaque jour, alors que l’une des clés réside dans notre bon sens.
Vous avez certainement dû en essayer des choses dans votre alimentation: arrêter le gluten, manger des aliments « sains », faire le plein de protéines, compter vos calories, prendre des poudres, opter pour le régime minceur avant l’été, vous priver, vous octroyer des moments plaisirs, tester des recettes alambiquées (oui ce mot se dit toujours) ou encore lâcher prise et manger avec instinct.
Seulement voila, rien n’y fait vous ne parvenez pas à avoir une « hygiène de vie saine », vous êtes toujours fatigué.e.s, vous digérez mal (gaz and co), vous vous sentez balloné.e.s, vous êtes constipé.e.s, vous avez des brûlures d’estomac et pour certain.e.s votre poids ne diminue pas.
Et si cela venait d’une chose à faire, qui est essentielle à notre bonne santé ?
Il se pourrait que la réponse se trouve dans la mastication.
Et oui, mâcher est LE super pouvoir que nous avons tous et toutes mais que nous n’utilisons pas toujours correctement. 3 – 4 mastications et hop tout est envoyé vers le reste du voyage.
1- Une action sur le plaisir
Le plaisir de déguster un aliment peut commencer avec l’imaginaire et la vue du plat, mais celui-ci débute réellement dans la bouche.
La salive a entre autres des enzymes qui révèlent les goûts et ces enzymes ne peuvent jouer leurs rôles que si les aliments restent suffisamment longtemps dans la bouche. Donc ne pas mâcher revient à ne pas vraiment goûter les aliments et à ressentir de réel plaisir.
Laisser fondre un carré de chocolat dans la bouche a toujours été bien plus plaisant que de le mâcher 2 fois et l’avaler.
Je vous parle d’ailleurs de manger en pleine conscience dans l’épisode 13 de mon podcast « Le plaisir alimentaire doit-il être occasionnel ? » où je prends l’exemple de John Kabat Zinn et son expérience du grain de raisin.
2- Une action sur la satiété (le sentiment de ne plus avoir faim)
La faim arrive au bout de 20 minutes dit-on, cela veut-il dire que pendant ce laps de temps nous pouvons ingurgiter une quantité illimité d’aliment ? Pas vraiment.
Car la satiété se joue aussi dès le départ, dans la bouche.
Le cerveau est le centre de la satiété via l’hypothalamus. Pour que cette glande reçoive les messages de satiété et que nous arrêtions ainsi de mangé, il faut dans un premier temps: mâcher.
Comme toujours, cela se passe grâce à nos sens dont les récepteurs se trouve en partie dans notre bouche (dents, langue, palais, muscles, ligaments). Ils permettent de ressentir l’aspect, l’odeur, la texture et le goût de l’aliment et ainsi de secréter des hormones et créer des influx nerveux qui assurent la communication avec le cerveau.
Une étude de l’Inra de la chercheuse Marie-Agnès Peyron indique que le seul fait de mâcher sans avaler, rassasie.
L’étude du docteur Cassady de l’université d’Indianapolis, elle, montre que l’appétit est moins fort pour les personnes qui mâchent longuement (40 mastications avant déglutition).
Le deuxième signal de satiété sera déclenché par l’estomac, mais n’est ce pas déjà « trop tard » lorsque l’on bouffe, plus que l’on ne savoure ces aliments.
On parle souvent de quantité à privilégier pour perdre ou maintenir son poids, commençons par mâcher réellement (de 20 à 60 fois selon les aliments, pour obtenir de la bouillie), le corps sait exactement la quantité qu’il nous faut, laissons lui le temps de nous le dire.
Nota bene: Les poudres (type Herbal Life, Beauty Sané) ne sont que des aliments ultra-transformés bourrés d’additifs, ayant un effet néfaste sur notre santé. L’aliment est plus qu’une somme de nutriments. Je vous invite a écouter l’épisode 14 de mon podcast avec Anthony Fardet « Démasquons les faux aliments et mangeons vrai »
3- Une action sur l’assimilation des nutriments
L’objectif de toute nourriture est de nous apporter l’ensemble des nutriments essentiel à notre bon fonctionnement et ainsi nous maintenir plein d’énergie.
La salive va commencer la digestion à l’aide de ses multiples enzymes pour aider le travail. S’il n’y a pas assez de mastication il n’y aura pas assez de salive et donc une moins bonne ou mauvaise digestion par la suite.
Ensuite, l’assimilation des nutriments ne peut se faire que si les aliments sont réceptionnés par nos organes en version « bouilli bébé » (qu’on appelle aussi bol alimentaire, mais c’était moins parlant selon moi).
Une fois que le bol alimentaire est arrivé dans l’estomac, il va passer dans un bain de suc gastrique permettant la dégradation en éléments nutritifs. Si les aliments arrivent trop gros, l’estomac ne pourra pas les broyés aussi finement que nos dents pour en garantir la bonne absorption.
Si l’étape de la mastication est négligé, cela entraînera des lenteurs digestives, potentiellement des carences, de la fermentation, de l’acidité et au bout d’un certain temps de l’inflammation (cela fait beaucoup à cause d’une seule étape loupée).
Mauvaise mastication = mauvaise assimilation des nutriments essentiels & microbiote (intestins) endommagé (n’oubliez pas que toutes les inflammations commencent dans les intestins).
Marion Kaplan dans une de ses conférences utilise la métaphore de la moquette blanche:
« Vous avez installé de la moquette blanche dans votre salon et tout le monde a interdiction de marcher dessus avec ses chaussures sinon elle va être sale. Et puis un jour, vous n’avez pas le temps / l’envie de retirer vos chaussures, donc vous marchez sur la moquette avec. Vous faites cela une fois par mois, puis 3-4 fois, pour au final garder vos chaussures tout le temps tellement la moquette est devenu sale. »
La moquette c’est votre intestin, si vous ne mastiquez pas.
Je vous renvoie à l’épisode 12 de mon podcast « Et si tout commençait dans notre microbiote » avec Lisa Salis.
Si vous n’avez pas le temps de prendre le temps de manger, privilégiez les soupes, veloutés, purées (maison bien sur!) afin de garantir une bonne assimilation des nutriments.
Un repas sain non mâché n’est absolument pas bénéfique pour votre santé, il serait même préférable de manger un produit ultra transformé mâché longuement plutôt que d’avoir encore faim et n’avoir retiré aucun bienfait de votre plat sain.
4- Au-delà des aliments
A force de me lire, vous aurez compris la notion de globalité et de systémie dans mon approche.
Le lien qui existe entre notre esprit, notre corps et nos mots/maux est non négligeable et nous donne de belles pistes de réflexion. C’est pourquoi je vous note ici un extrait du livre de Jacques Martel « Le grand dictionnaire des malaises et des maladies » sur ce que représente notre bouche et notre façon de mâcher.
« La bouche représente l’ouverture à la vie, c’est la porte d’entrée à notre nourriture, à l’air, à l’eau.
C’est grâce à elle si je peux parler, communiquer et faire sortir mes émotions et mes pensées.
C’est une sorte de pont entre l’intérieur et l’extérieur.
La bouche est la manifestation de ma personnalité, de mes appétits, de mes désirs, de mes attentes, de mes traits de caractère, du plaisir de la vie. Elle permet de m’ouvrir à tout ce qui est nouveau : sensations, idées et impressions. Ainsi, elle est une voie (« voix ») à double sens et les difficultés que je vis ont fondamentalement un double aspect, intérieur et extérieur. Il est intéressant de noter que ma façon de mastiquer les aliments reflétera ma façon d’être et de me comporter. Si je « gobe » les aliments sans les mâcher, je suis plutôt impulsif et les détails sont peu importants pour moi. Au contraire, si je mastique sans fin, je suis perfectionniste, en m’attardant trop aux petits détails. Je pourrai ainsi avoir l’impression d’avoir le contrôle sur les situations de ma vie. Je ne goûte ainsi plus la vie : je la décortique en mille morceaux, ressassant le passé constamment. Si je prends de très grosses bouchées, je prends les « bouchées doubles » et je me mets beaucoup de responsabilités sur les épaules. J’aurai souvent plusieurs projets de l’avant en même temps. L’absorption de très petites bouchées indique une retenue de peur de foncer ou d’accomplir de nouvelles tâches que je juge très difficiles pour moi.
J’accepte de manger lentement en goûtant les aliments afin que je puisse davantage goûter la vie et ses bonheurs. »
Peut être vous êtes-vous retrouvé dans cette description, ou pas, quoi qu’il en soit gardez à l’esprit que votre alimentation et votre façon de mâcher veut dire quelque chose de vous 😉
Je vous souhaite de belles et longues mastications, aussi bien pour goûter la vie et ses bonheurs, que pour assimiler tous les nutriments de vos aliments (mais n’est ce pas pareil après tout ?) et éviter les maladies.
Prenez soin de vous.
Joy